Starterpacks : des humains sous blister et prêts à consommer
Mi-avril et donc en retard sur la “trend”, j’ai découvert les starter-packs.
Quand j’ai vu la 1ère image, j’ai eu l’impression qu’une lame s’enfonçait dans mon coeur. Renseignements pris, j’ai vu que plus de 700 millions de requêtes ont été faites pour générer ces images.
700 000 000 de personnes qui désirent une image d’elles-mêmes ultra simplifiée, en format poupée Barbie, accompagnée de quelques symboles qui les caractérisent (un ordinateur portable et un smartphone ? ça te caractérise vraiment ?), sous blister, avec ce détail qui tue : la petite découpe en haut qui permet de ranger le “pack” sur une étagère dans un supermarché.
Une version d’eux, d’elles, sous blister, standardisée et simplifiée, prête à acheter, et consommer.
D’ailleurs, quand je fais les courses, je ne me dirige pas spontanément vers les légumes sous vide et bien emballés : le plastique autour, franchement, même pour les primeurs, c’est un peu triste.
Un être humain ravi de se transformer en objet de consommation.
Des dizaines de publications dans les médias pour donner le meilleur prompt.
J’ai lu les critiques de la tendance, qui portent essentiellement sur le désastre écologique, les ressources en eau et en énergie nécessaires aux IA pour satisfaire la demande. (voir ici l’article de Franceinfo)
Deuxième lame dans le coeur.
Parce que oui, c’est une aberration écologique et ce débat est nécessaire (eau, énergie, pollution numérique), mais il masque une question plus intime :
Pourquoi avons-nous envie de nous représenter nous-mêmes comme des objets ?
Pourquoi notre désir d’être aimé.e, reconnu.e, vu.e, prend-il cette forme ?
Pourquoi se glisser dans un packaging ?
Pourquoi vouloir cocher des cases plutôt que se découvrir, se nuancer, s’aimer dans sa complexité ?
Pour moi, c’est aussi 𝙧𝙚𝙣𝙫𝙚𝙧𝙨𝙖𝙣𝙩 qu’il soit possible de désirer mettre en avant une version de soi sous blister prête à consommer.
Ça me parle avant tout de marchandisation et de déshumanisation.
Ce n’est pas une carte de visite améliorée, c’est un humain marchandisé.
J’avoue, j’ai hésité à publier ce coup de gueule. Mais c’est le coeur de mon sujet : la relation à l’argent, le capitalisme intériorisé et notre tendance à nous considérer nous-mêmes comme des produits, des machines à produire et à se vendre.
Et toi, tu y as pensé à ton starter-pack ? Tu le fais ou tu le refuses ?
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