mon exemplaire, lu, relu et annoté 😉
“Au coeur de la monnaie”
Systèmes monétaires, inconscient collectif, archétypes et tabous de Bernard Lietaer
“Et si nos systèmes monétaires constituaient le dernier grand tabou de notre époque ? Et s’ils étaient en fait fondés plus sur des émotions collectives et inconscientes que sur une rationalité ?”
Bernard Lietaer, économiste, haut fonctionnaire de la Banque Nationale de Belgique, et l’un des architectes de l’euro, nous démontre par une étude approfondie comment la connaissance de ce qui est à l’oeuvre dans notre rapport à la monnaie peut nous en libérer, éveiller nos consciences et activer notre potentiel de créativité et de guérison, tant individuel que collectif.
Impossible de ne pas sortir changé – apaisé, plus optimiste, et confiant – de la lecture de ce livre 😉
La monnaie inexplorée
C’est une amie qui m’a offert ce livre dont le titre avait tout pour me séduire et je l’ai lu pendant mon voyage en Australie, comme un voyage dans le voyage.
À vrai dire, j’ai été tellement impactée et nourrie de ce livre que j’ai mis longtemps avant de pouvoir écrire quoi que ce soit à son sujet 😉
Imaginez une exploration en profondeur de ce qui fait le ciment, le lien entre les individus et les peuples depuis des millénaires. Un ciment qui nous est si familier que nous ne le voyons plus : notre monnaie !
Nous sommes littéralement incapables de l’observer et encore moins de le questionner : “la noix ne voit pas sa propre coquille” !
La monnaie ou les monnaies ?
Bernard Lietaer nous emmène rapidement dans une enquête très documentée à la recherche des monnaies et des différences entre les systèmes monétaires pour comprendre les raisons d’un choix qui semble étrange…
Notre système monétaire provoque dans les sociétés où il est adopté une série de bouleversements identiques, documentées au siècle dernier dans les petites sociétés qui l’ont adopté très tardivement :
– diminution du bien être économique
– dévalorisation de la place de la femme dans la société,
– déclin des investissements sur le long terme,
– apparition de deux “émotions collectives” – l’avidité et la peur de manquer.
Malgré cela, c’est bien celui-ci qui s’est imposé à l’échelle planétaire.
Monnaie et archétypes
Sa connaissance des travaux de C.G. Jung sur les archétypes* l’emporte sur une piste qu’il explore avec nous à la recherche d’un archétype manquant : en effet, l’avidité et la peur de manquer fonctionnent comme les “ombres” d’un archétype, c’est à dire ce qui se développe, à l’échelle d’un individu ou d’une société, lorsque l’archétype est refoulé.
Les ombres ont pour caractéristique de se manifester en couple, l’une d’elle représentant le “trop” ou l’excès de l’archétype, l’autre représentant son “défaut”, ou bien l’une en “yang” et l’autre en “Yin”.
Cette apparition d’avidité et de peur de manquer serait-elle liée à la disparition d’un archétype et lequel ?
Il se trouve qu’au tout début de notre système monétaire, il y a 3 000 ans, les représentations de la déesse mère se raréfient… Cette déesse mère qui représente notamment l’abondance, la fécondité, la confiance, le lien !
*Selon C.G. Jung, “l’archétype est à l’âme ce que l’instinct est au corps”.

Monnaies alternatives
Ses recherches suivantes (histoire, archéologie, …) valident la proposition : au moyen-âge en Europe, comme en Egypte avant les romains, d’autres systèmes monétaires ont pris le dessus, le bien être économique s’est répandu, la place des femmes s’est améliorée et les représentations rappelant la déesse mère sont réapparues, ainsi que les investissements : c’est le temps de la construction des cathédrales dans toute l’Europe !
Une bonne nouvelle : 5 000 monnaies alternatives sont apparues ces dix dernières années,
et d’ailleurs, la place de la femme s’améliore, ainsi que la tendance à observer le monde d’une façon plus “globale”.
Les solutions existent, résilientes pour nos économies malades de croissance, en proies aux crises systémiques : Bernard Lietaer a conseillé lui même de nombreuses initiatives aux succès évidents – cf références ci-dessous.
Pour lui, une société résiliente et créatrice de bien être favorisera un équilibre entre “monnaies yang” (compétitives, rares) et “monnaies yin” (coopératives, suffisantes) :
“Je soutiens qu’un équilibre entre les économies Yin et Yang est indispensable pour qu’une société vraiment durable puisse fonctionner. Conjointement, elles créent ce qui s’appelle “l’économie intégrale”.”
Bernard Lietaer
C’est sur cette note optimiste et constructive que le livre s’achève – avec une grande envie de dévorer le suivant : “Réinventons la monnaie” 😉
Pourquoi c’est intéressant pour toi ?
Parce que tu peux apprendre et pratiquer “l’argent yin” dans ta vie !
L’argent yin, c’est celui que tu utilises pour t’honorer, que tu affectes par amour pour toi, que tu diriges vers tes projets. C’est celui avec lequel tu construis.
C’est l’argent de la conscience, de la gestion vivante, qui demande : “De quoi j’ai vraiment besoin ?”. C’est l’argent qui crée de l’espace pour tes désirs véritables, pas ceux du système.
C’est celui qui te met en lien nourrissant avec l’autre, les autres, en coopération, pas en compétition.
L’argent Yin, c’est relier tes finances à ton corps, à tes émotions, à ce qui te fait vibrer. C’est sortir du “toujours plus”, de l’accumulation et de la compétition pour entrer dans la plénitude. C’est transformer ton budget en boussole de liberté.
À l’échelle individuelle, l’argent Yin te ramène à toi et à tes vrais besoins : moins de stress, plus de choix, de clarté et de puissance d’agir.
À l’échelle collective, il devient un vote pour le monde que tu veux : moins de gaspillage, plus de lien, d’échanges et d’appartenance, un argent régénératif au service du vivant.
Cerise sur le gâteau, tu peux aussi promouvoir l’argent yin en t’informant sur les monnaies complémentaires locales et en intégrant l’une d’elles. Plus d’infos ici.
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Pour aller plus loin – avant d’acheter le livre ! – vous pouvez lire ces deux articles, au sujet du sexe des systèmes monétaires et du rapport entre argent et féminin !
Pour acheter ce livre, c’est ici chez son éditeur (Editions Yves Michel) ou sur “place des libraires“.
Pour en savoir + sur Bernard Lietaer – 3 interviews :
L’Université Intégrale
Sur le site du Conseil Economique Social et Environnemental
Dans le journal de l’Ecole de Paris du Management




