Tout d’abord, sais-tu comment l’argent est créé ?
C’est quand même drôle que ce soit si “flou”, non ?
En tant qu’utilisateurs ou consommateurs, on “trace” l’origine de tout aujourd’hui, et curieusement avec l’argent : pas la moindre idée, ou si peu !
Un grand trou noir, dont on s’accommode sans sourciller.
Pose la question autour de toi, tu vas voir : c’est sidérant à quel point les réponses sont vagues.
Réponse : dans notre système monétaire, l’argent est constitué par de la DETTE. Autrement dit, la création monétaire est faite ex nihilo.
Comment ça ?
Tu vas voir ton banquier parce que tu as besoin de 1000€ pour t’acheter un four à céramique.
Le banquier t’évalue (il a des ressources pour ça) puis il prend une décision : OK, il te prête ces 1000€ parce qu’il a CONFIANCE dans ta capacité à CRÉER 1000€ de richesse/valeur – par ton travail – et, à un terme défini, à le rembourser.
En tant que “tiers de confiance”, il émet par ce prêt une dette (une “créance”) : il crée lui-même dans le système 1000€ de “dette” et libère ainsi cet argent pour toi.
Toi, tu vas utiliser cet argent et payer ton fabricant en échange de ton four à céramique.
Ces 1000€ qui sont maintenant mis en circulation sont donc de la dette, à l’image de tout l’argent qui circule dans notre système (entre 97 à 99% pour être exacte, selon les statistiques officielles).
Puis chaque mois, tu rapportes 100€ à ton banquier en remboursement du prêt qu’il t’a accordé. Et lui, il “dé-crée” ces 100€, qui ne circulent donc plus.
Tu me suis ?
Reste un “détail” : les intérêts.
Personne ne crée l’argent ou la monnaie qui servira à régler les intérêts des crédits !
Où vas-tu chercher les 50€ (à peu près) d’intérêts à verser à ton banquier en rémunération du service qu’il t’a rendu ?
Eh bien dans l’argent en circulation, justement.
Pour mieux comprendre ce qui est en jeu, ici, voilà une petite histoire :
L’île des naufragés
Il était une fois 10 hommes qui se retrouvent naufragés sur une île déserte. Ça tombe bien, leurs compétences se complètent, et les ressources de l’île sont abondantes. Jardinier, éleveur, maçon, potier, boulanger s’organisent tant et si bien que la petite communauté pourvoit à tous ses besoins.
Reste un problème : échanger des morceaux de poulets, ou des vêtements contre des sacs de blé, c’est pas si simple.
Puis un homme échoue sur le rivage, avec une caisse. Quand les autres lui demandent ce qu’il peut ajouter à la communauté, il explique son métier : je suis banquier et j’ai de quoi résoudre vos problèmes d’échanges ! Il se trouve que j’ai 10 000 pièces d’or dans ma caisse : je vais fabriquer 10 000 petits artefacts (qui peuvent être des coquillages, des ronds de cuir, bref, une monnaie, que je vous propose d’appeler des “euros”) et je vous en confierai 1000 chacun : avec ça, vous pourrez dire combien “vaut” (en euros) un poulet ou une table, et vous allez pouvoir commercer sans limites.
Chaque euro est “garanti” parce qu’il correspond à une des pièces d’or que j’ai dans ma caisse.
Et il ajoute :
En échange de ce service, je ne vous demande presque rien :
à la fin de l’année, vous me rapporterez seulement 100 euros chacun !
Enchantés, les naufragés fêtent leur sauveur et les artefacts circulent et facilitent grandement leurs échanges.
Vient la fin de l’année.
Chacun comprend alors que son “pouvoir d’échange” va diminuer de 10%.
Chacun est légitime à désirer le conserver.
La compétition nait : qui va réussir à ne pas diminuer ses échanges TOUT EN GARDANT DE CÔTÉ les 100 euros ?
Il y a tout à coup des riches et des pauvres.
De l’avidité et de la peur de manquer.
La loi du plus fort et l’individualisme.
Les richesses en circulation sur l’île sont restées les mêmes, mais l’argent diminue.
Que dit alors le banquier ?
“pas de problème, je vous re-prête de l’argent !”
Ben si, problème : “pas de croissance infinie dans un monde fini !”
Dans un écosystème limité (l’île, dans l’histoire qui précède, ou notre Terre), ce système monétaire va dans le mur.
Tu vois les conséquences collectives de ce système sur ta relation à l’argent ?