Gaspiller sa vie
Ce sont les mots de José ‘Pepe’ Mujica, président de l’Uruguay entre 2010 et 2015, dans un extrait marquant du documentaire Human de Yann Arthus-Bertrand. Un extrait qui invite à une réflexion profonde sur notre rapport à la consommation et à la liberté.
Je n’ai pas résisté à l’envie de partager cet extrait magistral qui nous pousse à questionner la manière dont nous vivons, souvent prisonniers d’une société de consommation qui semble imposer des besoins toujours plus nombreux et superfétatoires. Voici ce qu’il dit :
« Soit on est heureux avec peu de choses, sans trop s’encombrer, car le bonheur on l’a en soi.
Soit on arrive à rien.
Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais l’apologie de la sobriété.
Nous avons inventé une société de consommation, en quête perpétuelle de croissance : pas de croissance, c’est le drame.
On s’est inventé une montagne de besoins superflus : il faut constamment jeter, acheter, jeter…Et c’est notre vie qu’on dilapide. Quand j’achète quelque chose, ou quand tu achètes, toi, on ne le paye pas avec de l’argent.
On le paye avec le temps de vie qu’il a fallu dépenser pour gagner cet argent – à cette différence près que la vie, elle, ne s’achète pas.La vie ne fait que s’écouler. Et il est lamentable de gaspiller sa vie à perdre sa liberté. »
Ces paroles sont à la fois simples et profondes. Elles nous rappellent une vérité que l’on oublie trop souvent : chaque achat, chaque choix consumériste que nous faisons n’est pas simplement une dépense financière.
C’est aussi une dépense de notre temps, de notre vie.
Nous échangeons notre énergie vitale contre des objets qui, souvent, ne nourrissent pas nos vrais besoins.
Nous dépensons ce temps précieux et unique de notre vie pour satisfaire des besoins qui sont en partie pas ou peu questionnés, conscientisés. Des besoins de “trucs” (à voir absolument : David Castello Lopes dans sa chanson “Je possède des thunes“).
Gaspiller les ressources et le vivant
Gaspiller sa vie à courir après des biens matériels est un double gaspillage. Celui de nos ressources personnelles : notre temps, notre énergie, notre santé,
c’est aussi un gaspillage de ressources naturelles et de l’écosystème tout entier. Cette course à la consommation effrénée nous pousse à exploiter inutilement la planète, à épuiser des ressources que nous ne pourrons pas renouveler, pour satisfaire des besoins qui nous éloignent encore davantage de nous-mêmes avec des dépenses émotionnelles. On en parle de la petite robe achetée pour fuir un coup de stress, oui, celle-là même qui va se retrouver sur Vinted dans quelques semaines parce que sa couleur ne te va pas du tout ?
La vraie question n’est pas de savoir si nous avons raison ou tort de consommer, mais de savoir si nous avons conscience du prix que nous payons pour ces biens.
Parce qu’au-delà de l’argent, ce qui se trouve derrière chaque acte d’achat, c’est le prix de notre vie, de nos rêves et de notre liberté.
Je propose de réévaluer cette relation à la consommation pour pouvoir reprendre en main nos choix, notre liberté et notre bien-être.
Réinventer notre rapport à l’argent et à la consommation
Nous sommes éduqués à ressentir de la liberté là où nous pouvons DÉ-PENSER sans compter.
Là où notre consommation est sans freins, sans limites.
Le fameux privilège de ne pas compter me semble un magnifique miroir aux alouettes, et d’ailleurs, c’est le sujet d’un Money Talk que j’ai enregistré avec Laure Jouteau (à retrouver ici : “Un an sans shopping“).
Et si la liberté se trouvait au moment où je choisis réellement, consciemment, ce que je désire acheter ?
Sans fuir une émotion, sans me fuir, tranquillement.
Peut-être que ce n’est pas tant une question de relation à l’argent qu’une question de relation à la consommation ?
En honorant notre propre vie, en nous reconnectant à ce qui est réellement essentiel, nous pouvons aussi honorer notre planète et ses ressources. L’une ne va pas sans l’autre.
Et en prenant soin de nous-mêmes, nous prenons soin de la Terre.
Le temps que nous consacrons à gagner de l’argent, à consommer et à acheter des choses inutiles n’est pas juste un gaspillage économique. C’est aussi gaspiller ce que nous avons de plus précieux : notre liberté et notre lien au vivant.
Nous avons le pouvoir de choisir autrement, de redéfinir ce qui est vraiment nécessaire pour nous. Il n’est pas trop tard pour reprendre ce temps, cette liberté, et décider de vivre autrement. Parce qu’au bout du compte, ce que nous possédons vraiment, c’est le temps qui nous reste.
“Je ne veux pas passer ma vie à travailler comme ça pour gagner de l’argent qui va me servir à acheter ce que je ne peux pas faire parce que je travaille.” Marlène de Terre-source
Et toi, que choisis-tu de faire avec ton temps et ton argent ?
En photo : un temps doux et savoureux, utilisé à faire une confiture, une dizaine de pots de soleil (cette couleur !) à tartiner – un régal pour les yeux, pour les papilles, pour le plaisir de faire ensemble.
